Arnal, Marie, Bernard, Auguste, Joseph, Pierre, militaire et homme politique français, né à Moissac (Tarn-et-Garonne) le 18 mars 1873*, décédé dans les Vosges le 30 août 1914.
Saint-cyrien (1894), le lieutenant Arnal, donna en juin 1899 sa démission de l’armée. Une démission qu’il motiva quelques jours après par une lettre au président de la République donnée pour insertion à la presse (presse des 27 et 28 juin) :
Monsieur le Président de la République, Vous avez accepté ma démission et je vous en remercie. Il me reste à vous dire toute la vérité. Si j’abandonne un métier que j’aime, – celui de mon père, – l’obligation que j’ai invoquée auprès de vous d’aller gérer une propriété n’est pas le réel motif de ma décision. Les braves paysans qui vivent chez moi me donnent ce qu’ils veulent à la fin de l’année, et cela me suffit. Sans doute, je serais heureux d’aller leur donner un coup de main et de leur parler de vous. Mais, puisque mon sabre ne doit pas me servir à débarrasser mon pays de pas l’ennemi qui a franchi la frontière et dont vous êtes le prisonnier ; puisque le sort unique qui lui est réservé est d’avoir encore à vous saluer, je vous le rends. En le portant, j’ai rougi deux fois. J’étais sous les armes au ministère des affaires étrangères quand vous y êtes entré, venant de Versailles, au milieu des sifflets et des huées, et quand le drapeau, tout près de moi, s’est abaissé en votre honneur, il m’a semblé qu’un peu de votre honte rejaillissait sur lui et sur moi. Le 7 mai, j’étais de garde dans votre palais, et après ma ronde de nuit, après avoir vérifié qu’aucun danger ne vous menaçait, j’ai pleuré sur le métier que l’on me faisait faire, j’ai rêvé qu’un Déroulède m’ordonnait de vous arrêter.Je vous hais, Monsieur le Président de la République, uniquement parce que vous faites beaucoup de mal à la France. Vous n’êtes pas la Force mauvaise, mais bien la Faiblesse rusée, dangereuse et complice. Après avoir couvert les voleurs, vous vous préparez à couvrir les traîtres. J’ai donné ma démission pour dire ce que je pense, le silence m’étouffait, et pour ne pas forcer mes pairs à m’appliquer à contre-cœur les règlements militaires. Poursuivez-moi, si vous l’osez, devant la justice commune. J’aurai pour témoins MM. Drumont et Quesnay de Beaurepaire. Que dites-vous de ces deux parrains pour ma jeunesse ? Mais j’oublie que vous avez à relever les injures du représentant de l’Algérie et d’un président de chambre, avant de songer à celles que vous adresse, du fond de son âme meurtrie, un pauvre officier subalterne. En attendant, je vais me battre avec la plume et crier sur les toits. Je n’aurai pas le talent de Lasies, je tâcherai d’avoir son activité, j’aurai son patriotisme.Je crois que c’est tout ce que j’avais à vous dire. Arnal, Lieutenant démissionnaire, 9, place Saint-François-Xavier.
En 1903, le siège de député de Moissac étant vacant, il se présenta, fut élu et rejoignit le groupe de l’Action libérale et le Groupe républicain nationaliste, Une victoire que La Libre Parole qualifia d’« antisémite » (4 mars 1903). Maire de Montesquieu jusqu’à sa mort, il quittera la chambre en 1906, battu au renouvellement, et échouera à nouveau en 1910. Ayant entre temps repris des études de droit, il devient secrétaire d’un avocat à la Cour de cassation dont il reprit la charge. En 1914, réintégré dans l’armée active à sa demande, il sera tué au front, dans les Vosges.
Sources et bibliographie : on consultera son dossier au SHD sous la cote : 5 Ye 70292.
Philippe Oriol